Ma mémoire me dit « non » quand mon entourage tente de me prouver que c’est « oui ». Qui a raison ? Qui est dans l’erreur et qui marche sur le chemin de la vérité !
Si je n’ai aucun souvenir d’avoir fait telle ou telle action, cela veut il dire que je ne l’ai pas exécutée ? Ou suis-je trahie par moi-même ?
Si mon fils me dit « maman, c’es toi qui a fait ça ! Ce n’est pas moi ! », Comment savoir s’il dit vrai ou s’il tente de me cacher une erreur de sa part, sachant que je ne me souviendrais pas ?
Mon âme voudrait crier qu’on me ment, mais mon esprit raisonne et raisonne encore et sait qu’il est possible que ce soit moi qui me trompe.
Pour prendre un exemple tout simple :
Depuis des semaines, régulièrement, mon époux me reprochait que certains de ses vêtements, tout juste sortis de la machine à laver, sentent mauvais. Mes enfants n’ont rien remarqué, moi non plus ; je n’ai pas changé de lessive. Que penser ? Que mon mari devient chiant ? Qu’il a des problèmes olfactifs ? Que certains de ses vêtements sont fait dans une fibre qui ne supporte pas le lavage en machine ? Il en parlait ! Il s’énervait, relavait lui-même sa robe de chambre, son pyjama… et me faisait remarquer que l’odeur était partie ! Je ne comprenais pas ! Je fais toutes les machines à 40°, tout le linge sèche au même endroit ! Mystère fort mystérieux, comme le dirait une bonne amie !
Et puis, un après midi, je me dis : il faut que je pense à aller étendre la machine de blanc que j’ai mise en route ce matin ! Je vais donc au garage ; j’ouvre le hublot ; je commence à faire tomber le linge dans la panière… et là, monte jusqu’à mes narines une odeur particulière, celle du moisi, du linge humide qui serait resté dans une pièce où il n’aurait pas pu sécher correctement. Je prends un tee-shirt et le porte à mon nez : quelle horreur ! Ca puait ! Je découvrais d’un seul coup que mon époux ne manigançait rien contre moi, n’était pas pointilleux et vieillissant (donc chiant…), mais qu’il y avait réellement un problème avec mes machines de linge.
Alors, assise devant mon hublot, j’ai cherché à comprendre pourquoi parfois mes lessives humaient le frais et pourquoi, à certains moments, elles empestaient. Ce ne pouvait pas être du à la machine à laver elle-même, car auquel cas, tout le linge aurait eu la même odeur. Il fallait qu’un élément extérieur soit en jeu ! J’ai donc tenté de me souvenir comment j’avais insérés tous ces vêtements dans le bac. Je me « revoyais » bien vouloir faire une machine de blanc. Je savais que j’étais venue la mettre en route dans le garage ! Mais une nouvelle question s’est imposée à cet instant là ? Quand ? Quand avais-je mis cet appareil en route ? Le matin même, comme me le disait ma mémoire ? Un autre jour, comme semblait l’indiquer l’odeur ? J’ai alors tenté de refaire le chemin à l’envers ! Oh, non, pas dans le passé trop lointain, juste dans ma matinée ! J’ai cherché dans ce matin si prêt de moi le moment où j’étais sortie de la maison pour me rendre au garage et mettre en route ce casse tête ! Je ne sais plus ce que j’ai trouvé dans cette matinée : certainement un certain nombre de faits, mais aucun ne me permettant de m’assurer que le travail inculpé avait été entrepris le jour même !
J’ai donc du me rendre à l’évidence qui s’imposait : ma mémoire me mentait ! Elle me trahissait ! Elle me faisait oublier une lessive mise en route un jour ou deux avant, puis me déclarait tout de go, un après midi, que l’acte venait de se produire ! Et comment ne pas croire une mémoire quand elle semble si vraie ? Comment ne pas lui faire confiance puisque elle est censée n’exister que pour vous simplifier la vie ?
J’ai donc refais la même lessive et je suis rentrée à la maison… j’ai pris le tableau blanc où les enfants ont faits tellement de dessins petits, et j’y ai écrit la date du jour, l’heure et « une machine en route » ! Cela m’a permis ce jour là, d’aller ressortir les vêtements propres et qui sentaient enfin bon et de les étendre.
Mais ceci n’est qu’un exemple de la trahison de cette amie qui s’est retournée contre moi, un tout petit exemple dans la multitude de ceux que j’ai oubliés !
Parfois j’en ris ! Parfois pas ! Si mon époux s’énerve parce que j’ai oublié une information qu’il m’a donnée quelques minutes avant, je lui en veux à lui ! Je lui en veux parce qu’en moi, il n’y a aucune preuve qu’il m’ai bien parlé, qu’il m’ai bien confié ce qu’il dit avoir fait ! Je lui en veux parce que je dois le croire sur parole et que c’est difficile ! Je lui réponds : « peut être, mais je ne m’en souviens pas ! » et ce peut être me fait du bien car il sous entend aussi que peut être que non ! Peut être que c’est lui qui croit m’avoir dit ce qu’il a tu ! Peut être…
Je m’accroche à tout un tas de « peut être » salvateurs ! Je fais des exercices pour faire travailler ma mémoire, l’obliger à retrouver le bon chemin, celui de la vérité ! Je la hais trompeuse et voleuse ! Et je combats, à coup de livres lu (avec des fiches), de mots tissés sur un claviers, à force de travail chez une orthophoniste. Je la violente pour qu’elle accepte de redevenir celle qu’elle fut : imparfaite, mais pas traîtresse ! Et qui sait, peut être que c’est moi qui gagnerais le combat… parce que « peut être » porte l’espoir et la volonté de continuer à se battre. Le cerveau est grand ; le cerveau est plein de ressources inconnues… alors, à force de tout ces « peut être », va-t-il me créer une nouvelle mémoire, une nouvelle ramette dans mon disque dur, pour emmagasiner des informations réelles et effacer les mensonges. Peut être qu’on va trouvé un antivirus qui va scanner le fichier mémoire, y trouver un « Trojan » qu’il va détruire et que tout va reprendre son cours d’avant… Peut être… et c’est déjà bien !