vendredi 18 avril 2008

Qui a raison ?





Ma mémoire me dit « non » quand mon entourage tente de me prouver que c’est « oui ». Qui a raison ? Qui est dans l’erreur et qui marche sur le chemin de la vérité !
Si je n’ai aucun souvenir d’avoir fait telle ou telle action, cela veut il dire que je ne l’ai pas exécutée ? Ou suis-je trahie par moi-même ?
Si mon fils me dit « maman, c’es toi qui a fait ça ! Ce n’est pas moi ! », Comment savoir s’il dit vrai ou s’il tente de me cacher une erreur de sa part, sachant que je ne me souviendrais pas ?

Mon âme voudrait crier qu’on me ment, mais mon esprit raisonne et raisonne encore et sait qu’il est possible que ce soit moi qui me trompe.

Pour prendre un exemple tout simple :
Depuis des semaines, régulièrement, mon époux me reprochait que certains de ses vêtements, tout juste sortis de la machine à laver, sentent mauvais. Mes enfants n’ont rien remarqué, moi non plus ; je n’ai pas changé de lessive. Que penser ? Que mon mari devient chiant ? Qu’il a des problèmes olfactifs ? Que certains de ses vêtements sont fait dans une fibre qui ne supporte pas le lavage en machine ? Il en parlait ! Il s’énervait, relavait lui-même sa robe de chambre, son pyjama… et me faisait remarquer que l’odeur était partie ! Je ne comprenais pas ! Je fais toutes les machines à 40°, tout le linge sèche au même endroit ! Mystère fort mystérieux, comme le dirait une bonne amie !
Et puis, un après midi, je me dis : il faut que je pense à aller étendre la machine de blanc que j’ai mise en route ce matin ! Je vais donc au garage ; j’ouvre le hublot ; je commence à faire tomber le linge dans la panière… et là, monte jusqu’à mes narines une odeur particulière, celle du moisi, du linge humide qui serait resté dans une pièce où il n’aurait pas pu sécher correctement. Je prends un tee-shirt et le porte à mon nez : quelle horreur ! Ca puait ! Je découvrais d’un seul coup que mon époux ne manigançait rien contre moi, n’était pas pointilleux et vieillissant (donc chiant…), mais qu’il y avait réellement un problème avec mes machines de linge.
Alors, assise devant mon hublot, j’ai cherché à comprendre pourquoi parfois mes lessives humaient le frais et pourquoi, à certains moments, elles empestaient. Ce ne pouvait pas être du à la machine à laver elle-même, car auquel cas, tout le linge aurait eu la même odeur. Il fallait qu’un élément extérieur soit en jeu ! J’ai donc tenté de me souvenir comment j’avais insérés tous ces vêtements dans le bac. Je me « revoyais » bien vouloir faire une machine de blanc. Je savais que j’étais venue la mettre en route dans le garage ! Mais une nouvelle question s’est imposée à cet instant là ? Quand ? Quand avais-je mis cet appareil en route ? Le matin même, comme me le disait ma mémoire ? Un autre jour, comme semblait l’indiquer l’odeur ? J’ai alors tenté de refaire le chemin à l’envers ! Oh, non, pas dans le passé trop lointain, juste dans ma matinée ! J’ai cherché dans ce matin si prêt de moi le moment où j’étais sortie de la maison pour me rendre au garage et mettre en route ce casse tête ! Je ne sais plus ce que j’ai trouvé dans cette matinée : certainement un certain nombre de faits, mais aucun ne me permettant de m’assurer que le travail inculpé avait été entrepris le jour même !
J’ai donc du me rendre à l’évidence qui s’imposait : ma mémoire me mentait ! Elle me trahissait ! Elle me faisait oublier une lessive mise en route un jour ou deux avant, puis me déclarait tout de go, un après midi, que l’acte venait de se produire ! Et comment ne pas croire une mémoire quand elle semble si vraie ? Comment ne pas lui faire confiance puisque elle est censée n’exister que pour vous simplifier la vie ?
J’ai donc refais la même lessive et je suis rentrée à la maison… j’ai pris le tableau blanc où les enfants ont faits tellement de dessins petits, et j’y ai écrit la date du jour, l’heure et « une machine en route » ! Cela m’a permis ce jour là, d’aller ressortir les vêtements propres et qui sentaient enfin bon et de les étendre.

Mais ceci n’est qu’un exemple de la trahison de cette amie qui s’est retournée contre moi, un tout petit exemple dans la multitude de ceux que j’ai oubliés !

Parfois j’en ris ! Parfois pas ! Si mon époux s’énerve parce que j’ai oublié une information qu’il m’a donnée quelques minutes avant, je lui en veux à lui ! Je lui en veux parce qu’en moi, il n’y a aucune preuve qu’il m’ai bien parlé, qu’il m’ai bien confié ce qu’il dit avoir fait ! Je lui en veux parce que je dois le croire sur parole et que c’est difficile ! Je lui réponds : « peut être, mais je ne m’en souviens pas ! » et ce peut être me fait du bien car il sous entend aussi que peut être que non ! Peut être que c’est lui qui croit m’avoir dit ce qu’il a tu ! Peut être…

Je m’accroche à tout un tas de « peut être » salvateurs ! Je fais des exercices pour faire travailler ma mémoire, l’obliger à retrouver le bon chemin, celui de la vérité ! Je la hais trompeuse et voleuse ! Et je combats, à coup de livres lu (avec des fiches), de mots tissés sur un claviers, à force de travail chez une orthophoniste. Je la violente pour qu’elle accepte de redevenir celle qu’elle fut : imparfaite, mais pas traîtresse ! Et qui sait, peut être que c’est moi qui gagnerais le combat… parce que « peut être » porte l’espoir et la volonté de continuer à se battre. Le cerveau est grand ; le cerveau est plein de ressources inconnues… alors, à force de tout ces « peut être », va-t-il me créer une nouvelle mémoire, une nouvelle ramette dans mon disque dur, pour emmagasiner des informations réelles et effacer les mensonges. Peut être qu’on va trouvé un antivirus qui va scanner le fichier mémoire, y trouver un « Trojan » qu’il va détruire et que tout va reprendre son cours d’avant… Peut être… et c’est déjà bien !

lundi 7 avril 2008

Des montagnes et des puits




Nous le savons : depuis toujours, la vie, pour certain, est un long fleuve tranquille ! Mais ces cas là sont très rares ! En fait je n'en connais pas un autour de moi.


La plupart du temps, notre parcours est un chemin fait de parties plates, de bosses et de trous profonds. Parfois on peut voir les ennuis à l'avance et les contourner. Mais bien souvent, on ne peut que les accepter et tenter de faire avec, car le contournement reste impossible. Il est difficile de grimper tout en haut de la montagne, surtout quand on est déjà malade, donc fragilisé par la vie. Mais on sait aussi que si on ne monte pas, il ne reste rien d’autre à faire que de s’allonger et d’attendre que la mort vous emporte. Alors, lentement, en soufflant, en pleurant parfois, on grimpe, encore et encore ! Et arrivé tout en haut on sait qu'il suffit de se laisser glisser pour reprendre la route plate, douce, tranquille. Mais on ne sera plus identique à celui qu'on était avant cette escalade ! Pendant cette ascension, quelque chose a changé ! Une expérience nouvelle a permis que l'on trouve bien plus de charme au chemin sur lequel on va pouvoir marcher tranquillement quelques temps.
Et puis, tout à coup, sans prévenir, on tombe dans un puits qui semble sans fond ! On a peur, on est perdu ! On s’affole ! La chute fait perdre tous les repères : le bas, le haut, le bien, le mal ! Tout ce qu'on sait, c'est qu'on est en danger et que la chute continue, laissant notre corps s’enfoncer dans les profondeurs de la terre se cognant aux parois, laissant notre peau de déchirer, empirant la situation.
Mais à un moment donné, on découvre en atterrissant, que ce puits que l'on croyait sans fond en avait un. Bien sur, il fait mal au derrière, on s'y est cogné la tête... on est là dans le noir total, sonné, désorienté, fatigué et malheureux, mais vivant !
Alors il faut déjà faire une pause, là, dans l'obscurité, dans ce lieu lugubre certes, mais dont on a découvert qu'il ne tue pas ! Cette pause va permettre de se remettre un peu, de moins ressentir les douleurs et de chercher une solution pour retourner vers la lumière. Et quand on se sent prêt à se battre pour remonter, on y va.


Non, je ne dis pas que l'ascension va se faire en une seule fois... peut être va t on retomber au fond du puits, mais cela permettra d'établir une nouvelle stratégie pour repartir et aller un peu plus haut. Et même si les échecs sont nombreux, même si les blessures sont fréquentes, on sait, qu'à force de persévérance, on remontera là haut, vers le soleil, vers la vie !
Ce jour là, le petit chemin plat semblera un paradis... mais ne l'a t-il pas toujours été sans qu'on le sache ? En fait, de tomber au fond du puis, de souffrir, de pleurer et de se battre nous a simplement permis de le découvrir ou de le redécouvrir !


Bien sur, il y aura d'autres montagnes, d'autres profondeurs insondables, comme il y en a toujours eu !


La première bataille de notre vie n'a t-elle pas été de sortir du ventre de notre mère, qui de cocon protecteur s'était transformé en prison mortelle qu'il fallait quitter coûte que coûte pour survivre ? Centimètre par centimètre, n'a t on pas commencé par ramper péniblement à travers des murs qui se rétrécissaient, des os qui nous malmenaient ? Pour atteindre la lumière, l'air qui remplirait nos poumons pour commencer une nouvelle vie en terre inconnue, ne nous sommes nous pas toutes et tous battus avec rage ?


Et la vie, toute la vie, est faite de morts, de deuils et de renaissances. Mais notre volonté de vivre, de continuer à marcher, de repartir à chaque fois est plus puissante que tout.
Quand on crie son désespoir, quand on appelle à l'aide, quand on pleure, c'est cette même volonté qui s'exprime, appelant d'autres âmes à la rescousse pour se relever plus facilement et enfin continuer à marcher, sur ce chemin de terre mais bordé de fleurs aux couleurs chatoyantes et parfumées, d'arbres plein de plumages féeriques qui chantent, qui sifflent, qui entonnent le concert dédié à la vie ! L'herbe n'a jamais paru aussi verte, les bruits aussi plaisants... On fait une pause de rêve sur le bord de la route et l’on sait qu’on y puise une énergie nouvelle qui nous permettra, demain, de reprendre le chemin, de grimper tout en haut d'autres montagnes et de sortir vainqueur de puis profond et insondables.

Et la vie continue…

Faby

mardi 1 avril 2008

Peut être...




Peut être que la maladie peut devenir, parfois, une manière de partir sans culpabiliser.

Peut être que l’esprit, à bout de souffle, ne trouvant plus comment sortir d’une impasse, laisse t il entrer une pathologie pour faire un grand formatage, quitte à tout détruire, à mettre en veille l'éternel ordinateur, incompatible avec l’univers qu’on lui a installé dans son unité centrale.

Peut être que c’est plus facile ainsi : s’en aller lentement, au fils des jours, pour que chacun s’y fasse ; devenir un peu plus transparent d’instant en instant. Pas de grand chambardement, pas de colère contre celui qui s’enfuit, juste une suite logique d’évènements qui ne pouvaient pas se faire autrement.

Peut être qu’il y a des routes qui vous offrent des sorties qu’on n’ose pas emprunter, de peur de faire mal aux autres, de décevoir, de devoir tout recommencer. N’est il pas plus simple alors de prendre une impasse que personne ne connaît, où personne ne vous trouvera et d’attendre qu’on vous oublie, de n’être plus qu’un souvenir ?

Bien sur, tous ces « peut être » peuvent sembler autant de lâcheté ! Mais est-ce réellement un défaut ? Nous avons tous le droit de penser : « je ne veux plus souffrir ». Parfois même, nous n’avons rien à penser, notre inconscient se met en phase avec notre cerveau et notre corps pour faire un black out total.

Peut être que, lorsque l’on ne peut pas cracher ses vérités, quand on ne sait plus où aller sur la grande toile de la vie, quand on voudrait se faire tout petit pour ne plus rien ressentir, est-il temps de faire une dernière révérence ? Puisque chaque mot conduirait à des maux, alors autant les étouffer, les assassiner, pour qu’ils ne risquent jamais de ressortir. Et comment être certain d’avoir annihilé les maux sans assassiner leur porteur ?

Peut être qu’il y a d’autres solutions, mais qui paraissent encore plus difficiles, plus intolérables, plus effroyables, juste parce que tout recommencer fait peur, parce qu’on sait qu’on n’en est pas capable, parce qu’on ne sait pas se battre, qu’on n’a jamais su et qu’il est si facile de se cacher, de se sauver loin des bruits et des maux non dits !

Peut être que d’avoir couché ses mots sur le clavier sera une alternative, un moyen d’avancer encore un jour de plus. Demain, les colères se seront dissipées, mon monde retrouvera une certaine stabilité qui me donnera, à nouveau, envie de marcher sur une route qui continue encore et encore… Demain contient tout l’espoir d’aujourd’hui car il n’est pas, il n’existe pas. On s’en approche sans arrêt, mais à peine croit on l’atteindre, qu’il disparaît à nouveau pour un nouvel aujourd’hui.

Alors, puisque « demain » est un rêve, peut être qu’il me suffit de fixer mon regard sur lui et de l’aimer sans me poser de question, puisque jamais je ne l’atteindrais.